Funny Games U.S.

Synopsis: Deux jeunes sociopathes s’amusent à torturer physiquement et psychologiquement un couple et leur enfant, qui s’apprêtaient à passer un week-end dans leur maison de campagne.



Jusqu’à aujourd’hui, je n‘avais jamais vu aucun film de Michael Haneke. Donc, je ne savais pas à quel style de film m’attendre de lui. Mais, après avoir vu Funny Games U.S., je ne sais pas quoi dire, à part qu’Haneke a su très bien rendre son film insupportable, traumatisant, voire extrêmement dérangeant.



Sincèrement, je crois que c’est la première fois, que je vois un film de cette sorte. Un film malsain, dont l’horreur hors champs est plus dérangeant, que quand il est montré à l’écran. Ici, la violence n'est pas jouissive comme dans un Saw. Elle est répugnante, vomitive. Le réalisateur fait de tout spectateur son complice, le renvoyant du même coup à son statut de voyeur. Ce film ne fonctionnera pas sur tout le monde, surtout ceux qui s’attendent à voir des gros plans gores et du sang, qui gicle partout. Haneke joue avec nos attentes à ce niveau, en faisant échouer tous les clichés. Injuste et tyrannique, Funny Games U.S. pousse la provocation en nous interpellant au travers d’un des psychopathes, Paul. Ce dernier nous regarde avec complicité, nous demandant si nous en avons eu assez ou si la torture a assez duré. Comme il le dit si bien, il ne faut pas oublier l’importance du divertissement. Michael Haneke n’a aucun mal, à passer son message sur la banalisation de la violence. Il met en scène son film avec une précision millimétrée. Il nous sert des longs plans fixes, qui rendent inconfortables. La souffrance et l'urgence sont piétinées par la lenteur de l'intrigue, qui agit comme le plus insoutenable des huis clos. Il viole l'intimité physique et psychologique de ses personnages. Dès la première attaque jusqu’à la dernière, je me suis senti impuissant, de ne pouvoir aider cette famille.



Les cinq principaux interprètes de ce film sont impeccables. Ils jouent tous un rôle primordial. Leur jeu est très précis. Michael Pitt interprète la folie avec énormément d’efficacité. Il est plus que terrifiant! Brady Corbet est un complice, tout aussi effrayant à voir. Tandis, que pour Naomi Watts, Tim Roth et Devon Geahart, ils forment la petite famille parfaite. Ce qui renforce le malaise, en les voyant se faire torturer de la sorte. Ce qui nous pousse, à nous enfoncer dans notre siège et à détourner le regard, quand cela devient trop insupportable.



Je suis loin d’être un spécialiste, de la filmographie de Michael Haneke. Donc, je ne peux pas dire, si Funny Games U.S. est son meilleur film. Mais, je le recommande vivement, pour sa radicalité, sa réflexion, son impeccable casting et son excellente réalisation. Funny Games U.S. est l’un des films, qui m’a le plus traumatisé dans ma vie.

Note: 19/20

Je n'ai vu que le Funny Games original mais je sais que les deux copies sont quasiment identiques donc je me permets de rebondir sur tes propos.

Je trouve que les passages où Paul s'adresse directement au public anéantissent complètement la tension insufflée via les scènes précédentes car dénoncent un grand manque de subtilité de la part de Haneke. Lui qui est parvenu à disséminer une terreur viscérale et presque insupportable durant ces longs (et parfaits) plans-séquence, se montre d'un seul coup beaucoup moins subtil...

Et la séquence où Paul rembobine le meurtre de son compagnon jure profondément avec le ton du film. Encore, si un tel jeu avec le spectateur s'était installé dès le départ, cela n'aurait pas choqué mais Haneke semble mal contrôlé ses débordements et nuit considérablement à l'efficacité de son métrage.

Dommage parce qu'il en fallait peu à Funny Games pour constituer un véritable chef-d'oeuvre du 7e Art...