Freddy 3 : Les Griffes du Cauchemar (1987)
(A Nightmare on Elm Street 3 : Dream Warriors)Réalisé par
Chuck RussellÉcrit par
Wes Craven, Bruce Wagner, Chuck Russell & Frank DarabontMusique d’
Angelo BadalamentiAvec
Robert Englund, Heather Langenkamp, Patricia Arquette, Larry Fishburne, Priscilla Pointer, Craig Wasson«
Welcome to prime-time, bitch ! »
La plupart du temps, un scénario élaboré à plusieurs est annonciateur d’une histoire bordélique, confuse, sans queue ni tête. Or, avec
Freddy 3 – stupidement rebaptisé
Les Griffes du Cauchemar ou
Dream Warriors –, les 4 scénaristes nous prouvent tout le contraire. Malgré une tendance à caricaturer le milieu psychiatrique (nanti de sempiternels infirmiers dragueurs, psychiatres tyranniques et groupes de parole simplets), ce 3e volet fait honorablement suite au film de
Craven. Ce, en creusant les origines de Freddy Kruger (on y apprend que sa mère, une bonne sœur, s’est fait violer une centaine de fois par une horde de malades mentaux). Mais surtout, en apportant des visions cauchemardesques bien plus créatives et travaillées que dans l’opus précédent, aboutissant à un massacre gargantuesque des plus jouissifs. Ici, Freddy prend les traits d’un serpent géant (ingurgitant le corps entier de sa victime), d’un marionnettiste céleste (pour une « marche du pantin » particulièrement sanglante), et même d’une télévision (pour y enfoncer la crâne de l’une de ses proies). En sus d’éléments inventifs (la scène des miroirs, le coup des seringues) ou franchement répugnants (les plaies béantes sur les bras de Taryn, les âmes d’enfant prisonnières du corps de Freddy, la décapitation de la mère à Kristen). Tout autant de séquences cultes qui resteront gravées dans les mémoires et permettent à la saga de regagner de sa superbe.
Bien entendu, le scénario de
Freddy 3 trouve aussi ses limites. À commencer par ses personnages surfaits, dont une Nancy Thompson (de retour) s’improvisant hypnotiseuse du jour au lendemain, un psychologue incohérent (donnant des ordres au père à Nancy alors qu’il ne le connaît même pas !), et un groupe d’internés faisant inexorablement pitié – notamment lorsqu’ils jouent les
X-Men du pauvre dans leurs rêves (le magicien ringard, la punk rebelle, merci bien !). Et le talent des comédiens ne risque pas d’arranger l’affaire. À part un
Robert Englund au meilleur de sa forme et une
Heather Langenkamp convenable, le reste du casting fait preuve d’une prestation entre l’horrible et l’épouvantable.
Bradley Gregg (Phillip, le futur pantin) et
Ira Heiden (Will, le paralytique) jouent comme des brêles.
Craig Wasson (le psy) est aussi convaincant qu’un dernier rôle dans
Plus Belle La Vie. Et même
Lawrence Fishburne (l’infirmier) se montre à côté de la plaque. Outre les acteurs et leurs personnages,
Freddy 3 s’encombre également d’un rapport à la religion pas fondamental à l’histoire (un simple enterrement aurait suffi !) ainsi que d’une réalisation inégale, partagée entre des maquillages grandioses et des effets spéciaux brouillon (le squelette animé, les fonds d’écran…). Et, une fois n’est pas coutume,
Angelo Badalamenti nous laisse une étrange sensation entre les oreilles, mêlée d’autant de satisfaction (grâce à de belles mélodies et des morceaux rock typiques des années 80) que d’insatisfaction (en raison d’une bande-son globale beaucoup trop mélodramatique).
Quoiqu’il en soit, s’ils font perdre à
Freddy 3 de sa puissance, ces défauts lui confèrent aussi un certain charme. Et ne l’empêchent aucunement de ridiculiser
La Revanche de Freddy, comme de venir concurrencer le métrage original. Et vous, que pensez-vous de
Freddy 3 ? Le considérez-vous supérieur, égal ou inférieur au film de
Wes Craven ?
Note : 14/20Jolies ficelles...