Écrit & Réalisé par
Michael & Peter SpierigMusique de
Christopher GordonAvec
Ethan Hawke, Claudia Karvan, Willem Dafoe, Michael Dorman, Sam Neill, Isabel Lucas, Harriet Minto-Day, Renai Caruso, Jay Laga’aia, Mungo McKay, Emma RandallLes vampires ont décimé la race des Hommes jusqu’à ce que les êtres humains ne composent plus qu’une infime minorité de la population mondiale. Les banques de sang humain s’amenuisant de jour en jour, les vampires n’ont d’autre solution que de trouver un substitut sanguin pour subsister. Car, privés d’hémoglobine frais, les vampires les plus démunis se transforment lentement en créatures primitives, assoiffées et dangereuses, prêtes à s’entretuer pour se nourrir. Mais alors que l’on pensait l’espèce humaine définitivement éteinte, des survivants semblent avoir trouvé, non pas un substitut sanguin, mais un remède à part entière, qui permettrait à tout vampire de redevenir humain.
On aurait pu penser le thème du vampire définitivement enterré à cause de suites pathétiques, de remakes incessants et inutiles, et de séries B tirant dangereusement vers le Z. Heureusement, la tendance semble s’inverser ces dernières années. Après l’excellent
Let the Right One In venu du froid scandinave, les frères
Spierig s’imposent donc sur le devant de la scène avec un film d’horreur exemplaire qui démontre que le thème du vampire n’a pas encore révélé toutes ses facettes.
À mille lieues du déjanté
Undead,
Daybreakers confirme — auprès de tous les détracteurs qui avaient boudé leur premier effort — que les frères
Spierig sont des cinéastes accomplis, des artisans et des artistes qui savent transformer le moindre centime en un produit créatif. Bénéficiant cette fois-ci d’un budget confortable,
Michael et
Peter Spierig quittent le domaine du cartoon gore à la
Braindead pour accoucher d’un film de vampires original, audacieux, dépourvu de tout lieu commun ou de toute facilité, et nanti d’une satire socio-politique nerveuse que
George Romero n’aurait pas reniée.
D’ailleurs, l’influence du réalisateur de
La Nuit des Morts-Vivants est bien présente dans
Daybreakers. Ainsi, pourra-t-on relever des similitudes avec
Land of the Dead, tant dans le fond (les dominants ne visent qu’à assurer leurs bénéfices et leur survie, au détriment des dominés) que dans la forme (difficile de ne pas percevoir de ressemblances entre le personnage tenu par
Sam Neill et celui que tenait
Dennis Hopper dans le film de
Romero). Des similitudes également — et surtout — avec
Dawn of the Dead et
Day of the Dead, deux œuvres cultes auxquelles les frères
Spierig rendent explicitement hommage, allant même jusqu’à reproduire l’éventration plein-cadre du film de 1978 et la scène de décapitation à mains nues du métrage de 1985.
Mais ne nous méprenons pas pour autant : si
Daybreakers se permet de citer les ouvrages de
Romero, il ne se fourvoie à aucun moment dans un vulgaire copier-coller. Renouvelant en effet le thème — pourtant sur-exploité — du vampire, la bande des frères
Spierig s’accueille tel un vent de fraîcheur au sein du cinéma de genre. Un tel exploit qu’ils doivent évidemment à la puissance de leur script mais également à la force du casting, au sein duquel se démarquent sans détour
Ethan Hawke (surprenant de sobriété et de sincérité),
Willem Dafoe (parfaitement juste, comme à l’accoutumée),
Michael Dorman (dont la performance n’a rien à envier au jeu de ses célèbres collègues) et
Sam Neill (que l’on aimerait voir plus souvent dans des rôles aussi charismatiques, à la hauteur de son talent).
Au final, le spectateur un brin tatillon pourrait pointer du doigt un score trop peu présent, et reprocher à
Michael et
Peter Spierig une baisse d’inspiration en matière de mise en scène — qui peut se comprendre du fait que les frangins n’avaient pas le droit à l’erreur au vu du budget alloué — et qui laisse penser que les deux cinéastes se cherchent encore. Mais nous aurions tort de nous arrêter à ces broutilles tant elles s’avèrent infimes comparées à la puissance de
Daybreakers — d'autant plus que la mise en scène, malgré cette faiblesse, n'en demeure pas moins satisfante et dotée d'une photographie somptueuse. Quoi qu'il en soit,
Daybreakers se doit d’être visionné et reconnu à sa juste valeur au plus vite ; et, une chose est sûre, on attend le prochain métrage des frères
Spierig de pied ferme !