CRONOS (1992) Écrit & Réalisé par
Guillermo Del ToroMusique de
Javier AlvarezAvec
Federico Luppi, Ron Perlman, Claudio Brook, Margarita Isabel, Tamara ShanathSYNOPSISInventé par un alchimiste du 16e siècle, le Cronos est un petit objet doré renfermant un mécanisme mystérieux, qui a le pouvoir de donner la vie éternelle. Convoité pendant des siècles, l’objet réapparaît de nos jours chez un antiquaire mexicain. Tout d’abord intrigué, celui-ci se laisse peu à peu vampiriser par sa découverte qui va le transformer en une créature assoiffée de sang…De la même manière que
28 Jours Plus Tard se servait du thème des zombies pour aborder l’anarchisme, la guerre, l’autoconservation de l’espèce humaine,
Cronos use du mythe des vampires afin d’amener la réflexion au concept d’éternité, d’explorer les thèmes de la famille, de la transformation corporelle, mais aussi de l’aliénation et de la dépendance. Pas de crucifix brandi bêtement devant soi ni de cocktail aux ails et fines herbes, ni même de pieu dans le cœur ou de crocs acérés.
Cronos nous expose, avec maestria (et une savoureuse dose d’humour noir), le quotidien de cet antiquaire grisonnant, devenu immortel par le biais du Cronos. Ce qui amène autant à des passages sanglants (la mort de l’Oncle et son exsanguination) qu’à des situations poignantes (la relation touchante entre le grand-père et sa petite fille) ou encore hilarantes (la préparation funèbre du grand-père, les répliques de
Ron Perlman).
Avant tout,
Cronos est une œuvre poétique que les mots semblent insuffisants à décrire. Malgré un début relativement lent et peu attrayant, le film de
Guillermo Del Toro nous immerge dans un flot d’émotions, captive tous nos sens pour faire de
Cronos une expérience à part entière. S’il faut saluer la réalisation exemplaire de
Del Toro – jouissant d’une photographie somptueuse (s’assombrissant tout au long du métrage pour marquer la transformation du protagoniste), d’une mise en scène implacable ainsi que d’une tenue de caméra finement étudiée –, les acteurs ne sont pas en reste.
Federico Luppi (Jesùs) et
Claudio Brook (De la Guardia) s’effacent pour donner vie à leurs personnages. Bien que le charisme de
Ron Perlman ne soit pas exploité à sa juste valeur, l’acteur n’en profite pas moins pour s’approprier le rôle et signer une prestation honorable. Mais la vraie surprise de
Cronos provient de la performance troublante de
Tamara Shanath (Aurora), très jeune actrice d’une incroyable prestance que son personnage quasi mutique ne fait que décupler.
Il paraît ardu de résumer une telle œuvre. À la fois poétique et viscéral, beau et violent,
Cronos est un premier coup de maître de la part de
Guillermo Del Toro. La bande n’exclut pas quelques défauts (une première partie plutôt mollassonne, une musique inégale) mais l’on en ressort fasciné, presque ému. Et vous, que pensez-vous de
Cronos ?
Note : 14/20