TAXI DRIVER (1976) INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANSRéalisé par
Martin ScorseseÉcrit par
Paul SchraderMusique de
Bernard HermannAvec
Robert DeNiro, Jodie Foster, Cybill Shepherd, Peter Boyle, Harvey Keitel, Albert Brooks, Leonard Harris«
You talkin’ to me ? You talkin’ to me ? »
Œuvre culte du cinéma scorsesien,
Taxi Driver aura décidément marqué son époque… Et inversement ! En effet, en dépit d’indéniables qualités, l’œuvre de
Martin Scorsese ne se soustrait pas à quelques défauts somme toute imposants. Tels que ce montage parfois trop nerveux, approximatif. Une première partie longuette, voire ennuyeuse. Un score jazzy vieillot, mou, lancinant – mais contrebalancé par des compositions pesantes. En dehors de cela,
Taxi Driver constitue une approche sans concession du quotidien brisé, redondant, solitaire, de ce chauffeur de taxi sombrant progressivement dans la haine et la paranoïa – un peu à la manière du
Boucher de
Claude Chabrol. Une chute libre dans les tréfonds de la psychose, trouvant son paroxysme au travers de cette séquence finale, à la violence glaciale, sans ambages ni édulcoration, tellement crue qu’elle en devient dérangeante, presque insoutenable. En fin de compte,
Taxi Driver peut s’interpréter autant comme une déclaration d’amour des auteurs à l’égard de la ville de New York, que comme un pamphlet haineux destiné à la « crasse » humaine qui y réside.
Taxi Driver, c’est aussi la manifestation du talent d’un cinéaste en herbe. Outre l’aspect granuleux de la bande – conférant au métrage tout le charme des 70’s –,
Martin Scorsese fait montre d’une mise en scène étudiée avec ingéniosité et de mouvements de caméra terriblement chiadés (travellings latéraux, prises de vue aériennes, ralentis…), accompagnés d’une photographie éclatante – jouant avec l’obscurité et la clarté, l’ombre et la couleur vive. Et comment aborder
Taxi Driver sans évoquer l’inoubliable performance de ses acteurs.
Robert DeNiro fait preuve de tellement de naturel que sa prestation vous touche en plein cœur.
Jodie Foster est renversante dans son rôle de pute de 12 ans et ½ .
Harvey Keitel est aussi délirant (avec sa tignasse sur la tête et son look de maquereau à la gomme) que répugnant (en raison de son personnage pédophile, immoral et abject).
Qu’on se le dise,
Taxi Driver n’a pas fini de faire parler de lui.
Martin Scorsese réalise là une œuvre mémorable, choquante, fracassante. Bien entendu, un rythme plus soutenu et un récit moins étiré auraient été préférables mais, sous cette forme,
Taxi Driver ne perd rien de sa puissance. De votre côté, que pensez-vous du film de Martin Scorsese ?
Note : découvrir
Taxi Driver en VOST, sur grand écran, dans une salle à petit comité, fut une expérience unique. En revanche, le visionner dans sa version française fut un désastre complet. Autant que possible, fuyez la VF !
Réalisation : 4/5
Histoire : 3.5/5
Musique : 3.5/5
Acteurs : 4/5Cameo de Martin Scorsese
Note : 15/20