La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz
(Ensayo de un Crimen) – 1955 Réalisé par
Luis BuñuelÉcrit par
Luis Buñuel & Eduardo UgarteD’après le roman de
Rodolfo UsigliMusique de
Jorge PerezAvec
Ernesto Alonzo, Miroslava Stern, Rita Macedo, Ariadna WelterSYNOPSISArchibald poursuit sa vie selon un fantasme de son enfance : il est persuadé d’avoir tué sa gouvernante en déclenchant une boîte à musique qui exauce tout désir de mort. Adulte, la liste de ses victimes s’allonge… mais sont-elles le fruit de ses désirs morbides ou du hasard ?Réalisation : 4/5
Histoire : 3/5
Musique : 2/5
Acteurs : 2.5/5Après un
Tourments (El) sur la jalousie,
Luis Buñuel nous a concoctés un métrage dans lequel le criminel est persuadé d’avoir commis des meurtres par son seul désir. Le synopsis était prometteur, le résultat s’avère quelque peu décevant. Tout d’abord les acteurs. Il ne faut pas 30 minutes pour qu’
Ernesto Alonzo vous porte sur les nerfs. À l’instar des autres acteurs,
Alonzo passe son temps à sourire idiotement à chaque fois qu’il parle. Bien entendu, la faute en revient surtout au jeu théâtral mexicain de l’époque, souriant bêtement à chaque fin de phrase et s’exprimant par des gestes exagérés. Cela dit, les acteurs d’
El étaient bien plus convaincants et ne se sentaient pas obligés de sourire en débitant leur texte. Le metteur en scène serait-il fautif ? Probable. Néanmoins,
Buñuel fait encore une fois preuve d’un talent évident, non pas dans l’écriture mais dans la réalisation. Via des jeux d’ombre et de lumière fort intéressants, et des plans traduisant parfaitement le tourment des personnages.
Outre les acteurs, là où
La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz montre ses faiblesses, c’est du côté de l’histoire et de la musique. En dépit d’un concept de base original et novateur, le déroulement de l’histoire reste très prévisible et assez mal tourné. Les personnages sont peu attachants, le développement part dans des longueurs inutiles et ennuyeuses, se concentrant davantage sur des histoires d’amours et de flirts pompeuses plutôt que sur la folie, l’obsession, les désirs morbides d’Archibald de la Cruz. Et, malheureusement, ce n’est pas la musique qui fera remonter le niveau. On sent bien que
Jorge Perez cherche à mélanger des mélodies douces avec des musiques stridentes et angoissantes. Au final, le leitmotiv musical du métrage fait peine à entendre. Ce mixage semble fait un peu à la va-vite et reflète plus l’amateurisme du compositeur qu’un quelconque talent.
Perez aurait dû se résoudre à séparer mélodies (évoquant la boîte à musique d’Archibald) et thèmes stridents (évoquant le côté maléfique de celle-ci), ou chercher une harmonie entre les deux genres au lieu de les associer bêtement. C’est bien dommage d’ailleurs, car ce score abrite un certain potentiel qui fut très mal développé.
En fin de compte,
La Vie Criminelle d’Archibald de la Cruz convainc bien plus par son concept que par son développement, plus par son fond que par sa forme. Si le résultat ultime n’est pas si catastrophique, on aurait pu s’attendre à beaucoup mieux de la part de
Luis Buñuel, capable de mettre en scène des chefs-d’œuvre en puissance tels que
Tourments (El).
Note : 11.5/20