FIGHT CLUB (1999)Réalisé par
David FincherÉcrit par
Jim UhlsD’après le roman de
Chuck PalahniukMusique de
Michael Simpson & John King (
The Dust Brothers)
Avec
Edward Norton, Brad Pitt, Helena Bonham Carter, Meat Loaf Aday, Zach Grenier, Jared Leto, Eion Bailey, Thom Gossom Jr.Synopsis :Jack ne souhaite qu’une chose : s’évader de son quotidien monotone. Très vite, il rencontre Tyler Durden, un vendeur de savons charismatique à la philosophie tordue et anarchiste. Ensemble, ils décident de créer un club de combat clandestin dont les règles s’établissent partout dans le monde.«
Vous n’êtes pas votre travail.
Vous n’êtes pas votre compte en banque.
Vous n’êtes pas votre voiture.
Vous n’êtes pas votre porte-feuilles.
Ni votre putain de treillis.
Vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout… »
(Tyler Durden)
Réalisation : 4.5/54 ans après
Seven,
David Fincher signe l’une des œuvres les plus importantes et les plus détonantes de sa carrière. Au-delà du message philosophique, anarchiste et politiquement incorrect que véhicule le film,
Fincher développe ici tous ses talents de réalisateur. Mouvements de caméra improbables rejoints par des effets spéciaux spectaculaires, plans-séquence maîtrisés à la perfection, prises de vue saccadées, montage soigneux, jeux d’image (voir la
Note sur les apparitions de Tyler Durden, plus bas), contre-plongées sublimes, photographie léchée, mise en scène calculée avec une infime précision… Bien entendu, il faut être sensible à ce genre de réalisation – que certains qualifient de
MTV-Like – pour en apprécier toute la puissance et tout le génie. Si cette « marque de fabrique » s’avère moins percutante dans
Panic Room (métrage suivant du réalisateur), elle colle parfaitement à
Fight Club et en décuple l’impact.
Histoire : 4.5/5Fight Club, ou comment tirer le portrait d’une société à la dérive, capitaliste, obsédée par la consommation et l’argent, fermement attachée à sa propriété et ses biens, soumise à l’autorité, sagement en train de mourir, sans rien dire… Où la souffrance et le combat à mains nues sont devenus les uniques manières de se sentir encore vivant. Adapté (très librement) du roman atypique de
Chuck Palahniuk, le scénario de
Jim Uhls en reprend les lignes conductrices pour mieux s’imprégner de la quintessence du livre. Outre l’anarchisme latent, la philosophie torturée – et un brin sado-masochiste – et la critique sociale dont le récit de
Jim Uhls fait preuve,
Fight Club nous entraîne également dans le milieu violent, sordide, sale, presque macabre, des combats clandestins. On pourrait reprocher au scénario un certain hymne au machisme – doublé d’un relent de misogynie (élevés par des femmes, les hommes de cette génération devraient prendre des distances avec les autres femmes), au fascisme (l’organisation militaire et stricte du Projet Chaos), ainsi qu’un final explicable mais somme toute assez confus.
- Spoiler:
Ainsi, en se tirant dessus « les yeux ouverts », Jack met fin à l’existence de Tyler Durden, détruit l’une de ses forces internes, se sert de son autre personnalité pour supporter le choc. Et, en fin de compte, ce ne serait pas tant les blessures occasionnées par l’impact de la balle qui élimineraient Tyler – puisque Jack s’en sort – mais l’aspect symbolique du geste.
En dehors de ces infimes imperfections,
Fight Club demeure une grande claque cinématographique, même après une trentaine de visionnages !
Acteurs : 4.5/5Il manque un je-ne-sais-quoi aux acteurs pour combler toutes nos attentes. Ceci ne les empêche pas pour autant de faire montre d’une prestation impeccable.
Edward Norton et
Brad Pitt forment un duo explosif, que l’on aimerait bien revoir un jour aux côtés de
David Fincher.
Helena Bonham Carter est à pisser de rire dans la peau de cette dépravée à tendance suicidaire et masochiste. Les autres acteurs – de
Zach Grenier (le manager en chef) à
Meat Loaf Aday (Bob) en passant par
Jared Leto (le blondinet) et
Eion Bailey (Ricky) – ne révèlent aucun faux pas et contribuent, tous à leur manière, à la réussite du film.
Musique : 4.5/5La réalisation et le scénario ne faisant pas tout, c’est dans la musique que
Fight Club trouve aussi sa force. Que l’on soit fan d’électro-rock ou non (je ne le suis pas), le score tonitruant des
Dust Brothers confère au traitement de
Fincher toute l’énergie et toute la nervosité qu’il nécessitait. Du thème d’introduction à ces multiples morceaux secondaires – passant du malaise physique (sons perçants, musique ronflante) à la comédie en un rien de temps. Sans omettre la splendide chanson de clôture des
Pixies :
Where Is My Mind ?Note : 18/20 NOTE SUR LES APPARITIONS DE TYLER DURDENSi, d’un point de vue purement technique, les apparitions furtives de Tyler Durden, en début de métrage, constituent avant tout un jeu avec le spectateur – semblables à des messages subliminaux, nombreux sont ceux à ne pas les avoir remarquées, d’ailleurs – elles trouvent également toute leur signification au niveau de l’histoire.
- Spoiler:
Victime d’insomnie, Jack se crée progressivement un personnage imaginaire, un idéal masculin, afin d’éviter la dépression nerveuse. Et ces brèves apparitions ne sont là que pour souligner la création progressive de cet alter ego. Ce qui n’était qu’une manifestation épisodique au début se transforme en un personnage bien réel (pour Jack).
LES RÈGLES DU FIGHT CLUB
Règle n°1 – Il est interdit de parler du Fight Club.
Règle n°2 – Il est interdit de parler du Fight Club !
Règle n°3 – Quelqu’un crie « Stop », s’écroule ou n’en peut plus : le combat est terminé.
Règle n°4 – Seulement deux hommes par combat.
Règle n°5 – Un seul combat à la fois.
Règle n°6 – Pas de chemise ni de chaussures.
Règle n°7 – Les combats continueront aussi longtemps que nécessaire.
Règle n°8 – Si c’est votre première soirée au Fight Club, vous devez vous battre.Lisez bien ce qui est écrit... (images tirées du film et du DVD
Fight Club)