Alléchant sur le papier (c’est le cas de le dire !),
Bitch Slap s’annonçait comme un vibrant hommage aux œuvres de
Russ Meyer, doublé d’une déclaration d’amour à la
Sexploitation et aux bandes
Grindhouse. Hélas, si les références sont bel et bien visibles dans le produit final, le résultat est à mille lieues du métrage espéré. La faute revient à un décalage entre un script trop ambitieux et un budget dérisoire. Désirant en mettre plein la vue en variant ses lieux d’action,
Bitch Slap use et abuse de fonds d’écran numériques à deux sous, dont la supercherie saute immédiatement aux yeux. Si un tel recours prête à sourire lorsqu’il est utilisé avec parcimonie, ici son abondance (les deux tiers du film semblent avoir été tournés sur fond vert) décrédibilise le spectacle et ennuie rapidement le spectateur. Il en va de même pour le récit de
Jacobson et
Gruendemann, parsemé de multiples flashes-back qui amusent en début de bobine puis finissent par lasser à force d’être utilisés encore et encore, jusqu’à l’usure (on en dénombre une quinzaine au final).
Quant à l’hommage tant espéré,
Rick Jacobson cite en effet ouvertement les œuvres-phare de
Russ Meyer (
Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! en tête de file, apparaissant dans le générique de début, et calqué au cours de plusieurs séquences), en sus de clins d’œil au cinéma de
Quentin Tarantino — dont
Kill Bill (le yo-yo de Kinki renvoie à la boule meurtrière de Gogo ; la fascination de Trixie pour les sabres évoque directement celle de la Mariée) et
Death Proof (en raison des liens que les deux œuvres entretiennent avec la Sexploitation et, accessoirement, en raison de la présence de
Zoë Bell dans les deux castings — elle a chorégraphié et doublé tous les combats de
Bitch Slap). Seul souci, les références une fois évacuées, il ne reste de la bande de
Rick Jacobson qu’un morceau de pellicule creux, étiré et affreusement redondant, en particulier dans son dernier acte où les affrontements s’accumulent lourdement (deux fois le même combat à mains nues !) sans jamais penser à imbriquer la moindre nouveauté. Du coup, le spectateur — même généreux — abandonne au bout d’une heure et attend passivement que le générique de fin pointe le bout de son nez (d’autant que l’on a deviné la nature du rebondissement final dès le premier quart d’heure…).
Alors qu’il aurait pu coiffer
Death Proof au poteau en osant mettre les deux pieds dans le plat,
Bitch Slap passe à côté de cette opportunité pour se fourvoyer dans un DTV de même calibre que le décevant
Zombie Strippers ! de
Jay Lee (souffrant lui aussi de la vacuité de son scénario, en dépit d’un concept fort). Avec des partis pris moins casse-gueule (opter pour de vrais décors, donc, et non pour des animations numériques à deux balles) et un script digne de ce nom,
Bitch Slap aurait pu être à la hauteur de nos espérances, quel que soit son budget. En l’état, le film de
Rick Jacobson est une grande déception et s’apparente moins à une série B décomplexée qu’à une série Z fauchée…