L'Étrange Créature du Lac Noir (1954)

Réalisé par Jack Arnold
Écrit par Harry Essex & Arthur Ross
D’après une histoire de Maurice Zimm
Musique de Henry Mancini, Herman Stein & Hans Salter
Avec Richard Carlson, Julia Adams, Richard Denning, Antonio Moreno, Ricou Browning, Ben Chapman, Nestor Paiva, Whit Bissell, Bernie Gozier, Henry Escalante

Synopsis :

Après avoir été droguée et capturée par une équipe de scientifiques, une créature des eaux amazoniennes s’éprend de l’assistante de ces explorateurs et la kidnappe. Le chef de l’équipe entreprend une véritable croisade pour secourir la jeune femme et renvoyer la créature dans les profondeurs abyssales du lac.





L’Étrange Créature du Lac Noir a beau avoir influencé nombre de cinéastes et de productions ultérieures (Jaws, Alien, entre autres), force est de lui reconnaître un aspect démodé, lui faisant perdre une bonne partie de son impact. Qu’il s’agisse de cette mise en scène surfaite, tellement aseptisée qu’elle en devient bancale. De cette intrigue mollassonne et victime de son succès (réitérée tant de fois par la suite qu’elle ne conserve que peu d’attrait). De ces acteurs allant du correct (Richard Carlson) à l’épouvantable (Julia Adams, fausse en permanence). De ce leitmotiv typique des films de SF des années 50, visant à concilier à tout prix science et religion pour finalement aboutir à des discours verbeux plus ennuyeux que fascinants. Ou de ce score musical pompeux, dont le thème principal aurait pu se révéler magistral s’il n’avait pas été répété à outrance tout au long de l’œuvre. De ce fait, les apparitions de la créature – accompagnées du même thème horrifique – deviennent risibles. Et la bande-son, couvrant 90% du film en ne variant que subtilement ses partitions, agace rapidement.





En somme, le métrage de Jack Arnold ne dépasse guère le statut de série B d’antan. L’Étrange Créature du Lac Noir a marqué son temps, certes, mais les années auront eu raison de lui. Toutefois, son âge est une chose, son importance en est une autre. Il ne faudrait pas oublier que le film fait également montre de prouesses techniques assez impressionnantes pour l’époque. Telles que ces séquences sous-marines, comprenant une « chasse au monstre » toujours aussi efficace ainsi qu’un fabuleux pas-de-deux (symbolisant pudiquement l’acte sexuel pour certains, ou les deux facettes de l’être humain pour d’autres). Des séquences qui sont malheureusement ruinées par un rythme traînant, nous laissant à penser que le monteur voulait absolument faire figurer toutes les prises de vue mises en boîte… Il faudra donc se contenter d’innovations balbutiantes et de maquillages spéciaux plutôt réussis – bien que la créature n’ait ni la gestuelle ni l’attitude d’un amphibien ! – pour apprécier un tant soit peu l’œuvre de Jack Arnold. Voilà un film à découvrir pour ce qu’il représente dans l’industrie du cinéma et non pour ce qu’il présente objectivement.



Note : 12.5/20



À noter que le DVD Zone 2 de L’Étrange Créature du Lac Noir propose un documentaire de près de 40 minutes, revenant sur la trilogie initiée par Jack Arnold, ses anecdotes de tournage, ses secrets, son rôle dans l’évolution de la SF, son exploitation en salles, etc. À y regarder de plus près, ce bonus se révèle bien plus prenant que le film lui-même !



Belles ficelles...