Day of the Woman – I Spit On Your Grave (1978) Écrit & Réalisé par
Meir ZarchiAvec
Camille Keaton, Eron Tabor, Richard Pace, Anthony Nichols, Gunter KleemanSynopsis :Journaliste à New York, Jennifer s’installe seule dans une maison isolée à la campagne. En quête de calme, elle se lance dans l’écriture de son premier roman. Jeune et belle, elle attire aussitôt l’attention de quatre hommes. Menés par John, un garagiste, ils lui tendent un piège et l’entraînent dans un coin de forêt, la violent, la battent sauvagement… Convaincus que Jennifer a succombé au calvaire, ils abandonnent son corps. Mais Jennifer vit toujours, blessée, traumatisée et désormais motivée par une seule pensée : la vengeance. Elle fait payer le prix fort à ses agresseurs pour leur acte barbare. Méthodiquement, avec une cruauté et une volonté dont elle ne se croyait pas capable…Film extrême s’étant bâti une réputation solide en raison de ses multiples censures et interdictions nationales,
Day of the Woman – alias
I Spit On Your Grave (alias
Œil Pour Œil, en France) – a conservé toute sa puissance et toute sa violence graphique. Avec peu de moyens,
Meir Zarchi parvient à nous tenir en haleine pendant 1h40 de tortures, d’humiliations, de viols mais aussi de revanches méthodiques et jouissives. Contrairement aux idées reçues,
Day of the Woman n’est pas aussi violent qu’on pourrait le penser, encore moins gore. Force est d’admettre que la violence a ici d’autant plus d’impact lorsqu’elle est psychologique (les humiliations en série, les rabaissements) que physique – quoique les viols, même s’ils sont essentiellement suggérés, semblent parfois si réalistes que l’impression d’assister à un
snuff movie persiste. Le réalisme est d’ailleurs ce qui constitue la quintessence même de
Day of the Woman, et se voit accentué par l’absence totale de musique et d’ambiance sonore – ce qui lui confère un aspect de reportage, un peu à la manière de
Cannibal Holocaust. Mais si
I Spit On Your Grave rappelle un film en particulier, c’est bien
Vendredi 13 pour ses décors forestiers, sa lenteur et sa boogeywoman.
D’un autre côté, le métrage de
Meir Zarchi trimballe son petit lot de défauts. À commencer par le développement du scénario et l’évolution des personnages. Bien qu’
I Spit On Your Grave s’inspire de faits réels (enfin, c’est ce que l’on dit, hein !), on a parfois du mal à croire au comportement de la jeune femme. Autant sa réaction face aux atrocités subies est tout à fait humaine et saisissante, autant la revanche qu’elle tient s’emplit d’incohérences et d’exagérations. Une personne normalement constituée ne s’amuserait pas à volontairement laisser l’un de ses agresseurs abuser une nouvelle fois d’elle, ou en branler un autre, sous prétexte qu’elle est en train de le piéger. De même, le traumatisme causé par de telles horreurs est, à mon sens, trop vite essuyé. Au bout d’une semaine, Jennifer semble ne préserver que peu de séquelles de son agression, prépare tranquillement sa vengeance, et n’est visiblement pas dérangée par la vue de ses assaillants ou par le fait de leur donner quelques petits plaisirs supplémentaires… Un comportement irréaliste, en somme, qui nous fait légèrement décrocher de l’histoire.
Heureusement,
Day of the Woman bénéficie d’acteurs, amateurs certes, mais fort convaincants – sauf en ce qui concerne
Gunter Kleeman (Andy), ne pouvant s’empêcher de surjouer et de tomber dans la caricature (voir le deuxième viol…). On retiendra néanmoins la performance troublante de
Camille Keaton dans la peau de cette femme d’abord bafouée, violée, blessée, humiliée, battue physiquement et abattue moralement, puis revancharde, sans pitié aucune, et sadique. Au fond,
I Spit On Your Grave n’est rien d’autre qu’une version trash de la libéralisation des mœurs et de la libéralisation de la femme face à la société macho dans laquelle elle évolue tant bien que mal. Et
Zarchi de jouer, non sans humour, avec le second titre de son métrage :
Day of the Woman (soit
la Journée de la Femme)… Imparfait,
I Spit On Your Grave n’en demeure pas moins une œuvre intéressante à découvrir. On ne « cracherait » pas (Ahaha) sur un rythme un peu plus soutenu, un meilleur travail de la psychologie des protagonistes, et un peu plus de violence (durant la seconde partie) ; mais cela ne nous empêche pas de l’apprécier tel qu’il est.
Note : 15/20À noter que le DVD Zone 2 accueille une très belle image restaurée ; et que certains bonus, aussi maigres soient-ils, sont pour le moins originaux (Spots Radio, Affiches Internationales, etc.). Par contre, ne pensez même pas visionner le film en VF, elle est inaudible !