Dr Jekyll & Mr Hyde (1920) Réalisé par
John S. RobertsonÉcrit par
Clara BerangerD’après le roman de
Robert Louis StevensonMusique originale de
Maximilien MathevonAvec
John Barrymore, Martha Mansfield, Brandon Hurst, Charles Lane, George StevensSynopsis :Le Dr Jekyll, respectable savant, confectionne une drogue qui, une fois ingurgitée, le transforme en un personnage monstrueux : Mr Hyde. Il va répéter l’expérience mais ne pourra bientôt plus revenir en arrière. Les expérimentations scientifiques du Dr Jekyll révèlent sa face cachée, inavouable, et font de lui un tueur.Première adaptation cinématographique du
Dr Jekyll & Mr Hyde de
Stevenson (bien d’autres verront le jour par la suite), le métrage de
John S. Robertson, s’il ne fait plus sensation en matière d’effroi, conserve un charme certain, propre aux films de cette époque – à l’instar de
Nosferatu et du
Cabinet du Dr Caligari. De la même façon que le livre original, le scénario de
Clara Beranger introduit un élément mi-fantastique mi-psychanalytique des plus intéressants, à savoir scinder l’esprit en deux composantes bien distinctes : celle des bas instincts et des pulsions meurtrières (le Ça, par extension), et celle en accord avec notre vie sociale et nos valeurs morales (le Moi). D’ailleurs,
Stevenson ne se privera pas pour jouer avec ces deux composantes au sein de son roman – rappelons que Hyde n’est qu’une transformation non feinte du verbe
Hide (soit « Cacher » en français), insistant de la sorte sur le fait que Mr Hyde n’est pas un monstre indépendant du Dr Jekyll, mais bien son côté obscur, enfoui, et refoulé, donc.
Ces considérations mises à part, force est d’admettre que le fil du Temps a laissé son empreinte sur l’œuvre de
Robertson. Années 20 obligent, les acteurs – quoique convaincants – prêtent un comportement beaucoup trop caricatural à leur ego. En particulier
John Barrymore lorsqu’il passe du Dr Jekyll (personnage distant, isolé, magnifiquement joué) à Mr Hyde (avec ses yeux grand ouverts, ses crocs acérés, ses yeux pleins de vice, et son attitude perverse… inexorablement vieillotte). Par conséquent, on sourit plus que l’on est effrayé. Et la terreur de la situation vient avec la réflexion, non par le visuel. Un autre léger reproche irait à l’encontre de l’accompagnement musical, revisité à l’occasion de la sortie DVD. Non pas que ce dernier soit mauvais – au contraire, il s’avère majestueux – mais plutôt qu’il dénature quelque peu le produit original, apposant une symphonie restaurée, neuve, à un visuel abîmé, ancien. Créant ainsi une certaine dichotomie entre l’image et la musique. Quoiqu’il en soit, il en faudra bien plus pour déloger tout le charme que possède
Dr Jekyll & Mr Hyde. Cette adaptation ne détient pas la puissance du roman de
Stevenson mais demeure un classique du cinéma d’horreur, à ne pas oublier.
Note : 14.5/20