Le Jour où la Terre s'arrêta (2008)

LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA
(The Day the Earth Stood Still – 2008)




Réalisé par Scott Derrickson
Écrit par David Scarpa
D’après le scénario d’Edmund H. North
Musique de Tyler Bates
Avec Keanu Reeves, Jennifer Connelly, Kathy Bates, Jaden Smith, Robert Knepper, Jon Hamm, Brandon Jackson, John Cleese







Certains ont beau sortir du lot en se révélant vraiment utiles au 7e Art, les remakes sont progressivement en train de désagréger les perles cinématographiques d’antan, et plus particulièrement les joyaux de l’horreur et de la science-fiction. Et ce n’est certainement pas cette version 2008 du Jour où la Terre s’arrêta qui prétendra le contraire ! Après visionnage, c’est à se demander pourquoi les producteurs n’ont pas préféré verser le budget colossal du film (des millions et des millions de dollars) dans des fondations protectrices de l’environnement au lieu de vomir ce remake parfaitement dispensable, dont le message écolo et humaniste tombe d’emblée à l’eau.







Prévisible du début à la fin (même sans avoir vu l’œuvre originale !), le script de David Scarpa ne réserve aucune surprise et met difficilement son public en haleine. Désincarnés, écrits à la va-vite, les protagonistes du Jour où la Terre s’arrêta ne se montrent jamais attachants et empêchent toute identification, toute empathie. Leur parcours devient donc inintéressant, peu ou prou cohérent, et ce dès les premières minutes du métrage. La mise en avant presque religieuse de Klaatu et ses « super-pouvoirs », la relation mère-fils surfaite entre Helen et Jacob, ces militaires écervelés caricaturaux, les attaques de l’automate géant (qui rappelle beaucoup les machines des Power Rangers !), font peine à voir et forcent le spectateur – même généreux – à décrocher rapidement de l’intrigue. Guère plus enthousiasmant, le développement du film se résume à une accumulation de surenchère graphique (censée compenser la vacuité du scénario), que la ringardise n’effraie jamais, et qui se clôt par un final lamentable, convenu et bâclé.







Une ringardise largement entretenue par la réalisation dépersonnalisée de Scott Derrickson, visiblement persuadé qu’il pouvait compenser son absence d’ingéniosité par des effets numériques en pagaille... en vain. En plus de sauter aux yeux, les SFX du Jour où la Terre s’arrêta polluent tellement l’écran qu’il devient ardu d’apprécier ce spectacle visuel et, par la même occasion, de s’immerger dans l’histoire. On pourra tirer la même conclusion en ce qui concerne la bande sonore de Tyler Bates et la performance des comédiens, tant le compositeur fait dans la simplicité et la facilité acoustiques (en gros, chaque morceau s’oublie une fois l’écoute terminée), et tant les acteurs luttent contre leurs personnages pour ne pas paraître ridicules. Et autant Jennifer Connelly, Kathy Bates et quelques autres parviennent à sauver les meubles, autant Keanu Reeves se viande royalement à travers cette interprétation superficielle et survolée.




Ce n’était donc pas faire honneur à l’ouvrage de Robert Wise que de pondre cette relecture pathétique, inutile, sans charme, naïve et gnangnan. Il faut avouer que certains éléments attirent l’œil – tels que cet automate géant, vraiment angoissant, ces insectes dévastateurs, ou cette superbe photographie – mais insuffisamment pour faire passer la pilule (ou plutôt pour noyer le poisson !). En bref, le spectateur n’a nullement besoin d’avoir vu au préalable l’opus de 1951 pour comprendre que Le Jour où la Terre s’arrêta cuvée 2008 n’est qu’un navet à gros budget, qu’un remake minable qui fait honte à son modèle. Mais quand ces producteurs peu scrupuleux arrêteront-ils de massacrer le cinéma de genre ?! Et quand comprendront-ils qu’il est toujours plus intéressant de ressortir et restaurer une œuvre passée que de risquer de la dénaturer et la décrédibiliser ?! Tant qu’il y aura de l’argent à se faire, sans doute jamais...

The Day The Earth Stood Still de Scott Derrickson