La Jeune Fille de l’Eau
(Lady in the Water) – 2006 Écrit & Réalisé par
M. Night ShyamalanMusique de
James Newton HowardAvec
Paul Giamatti, Bryce Dallas Howard, Jeffrey Wright, Bob Balaban, Sarita Choudhury, Cindy Cheung, M. Night Shyamalan, Freddy Rodriguez, Bill Irwin, Mary Beth Hurt, Noah Gray-CabeyVictime de son succès,
Michael Night Shyamalan n’aura, au travers de ses œuvres, laissé personne indifférent. De
Sixième Sens à
Le Village, en passant par
Signes et
Incassable, le cinéaste n’a cessé de peaufiner son style, son art de la mise en scène. Ce qui lui valut autant d’encensements que de critiques assassines. Avec
La Jeune Fille de l’Eau,
Shyamalan en profite pour régler ses comptes avec ses détracteurs d’une part, et pour s’interroger sur les raisons d’un succès aussi fulgurant d’autre part. Car, si
Lady in the Water aborde des thèmes chers au réalisateur (les contes de fées modernes), il lui permet avant tout de réfléchir sur le talent qui lui est attribué ou dénigré, par le biais de ses propres personnages.
Ainsi, Story, la nymphe venue du Monde Bleu, doit rencontrer un écrivain – interprété par
Shyamalan lui-même ! – sur le point de publier sa
Petite Cuisine, un ouvrage allant bouleverser la terre entière. Et l’auteur du livre de répliquer à Story : « Il y a quantité de choses dans cette
Petite Cuisine qui ne plairont pas aux gens. Je n’ai aucune prétention. Je ne crois pas avoir un truc spécial. Alors, j’ai réfléchi. Comment est-ce que ça va se passer ? Pourquoi brusquement les gens vont-ils me prendre au sérieux ? ». Attentif aux reproches qui lui sont faits, le cinéaste va jusqu’à remettre sa carrière en cause, quitte à prendre des risques en se mettant lui-même en avant. Et, tout comme le personnage de l’écrivain sert au réalisateur pour exposer ses réflexions, celui du critique-cinéma lui permet de discréditer les media, les journalistes et tous ceux qui n’ont pas cru en ses métrages. Prétentieux, antipathique, hautain, le critique-cinéma de l’histoire périra enfoui dans les tréfonds de son arrogance, après avoir tiré des conclusions trop hâtives et mis en danger la vie de Story – comprenez : après avoir mis en danger le film lui-même. Usant de métaphores habiles et de sarcasmes à peine dissimulés (le critique expose sa stupidité et son orgueil oralement face à la caméra),
Shyamalan déverse son dévolu sans regarder à la dépense.
Seulement, à force de vomir sur les chaussures de ses opposants, le cinéaste en oublie presque son scénario comme ses fans. Si la beauté, la magie et la candeur qui émanent du script réveillent notre âme d’enfant ; force est de constater que
Shyamalan passe plus de temps à se regarder filmer (les plans serrés sur son visage et l’importance grandissante de son personnage vont bon train…) qu’à travailler le développement de son récit. Par conséquent, on demeure mi-émerveillé mi-ennuyé face au produit final – bien que des visionnages répétés de l’œuvre laissent l’émerveillement l’emporter. Et ce, grâce à un casting touchant et très impliqué (
Bryce Dallas Howard, Cindy Cheung, Freddy Rodriguez), ainsi qu’au score fabuleux, enivrant de
James Newton Howard (dont on retiendra les morceaux magnifiques que sont
The Healing et
The Great Eatlon). Ce solide bagage rend du coup moins pénibles les prises de vue (plus emmerdantes que créatives) du réalisateur et la narration languissante de l’œuvre. Cependant, rien ne change au fait que
La Jeune Fille de l’Eau apparaît comme le métrage le moins prenant de la filmographie de
Night Shyamalan.
Musique : 4.5/5
Scénario : 3.5/5
Acteurs : 3.5/5
Réalisation : 3/5NOTE : 14.5/20