L’Antre de la Folie
(In the Mouth of Madness)– 1994 Réalisé par
John CarpenterÉcrit par
Michael de LucaMusique de
John Carpenter & Jim LangAvec
Sam Neill, Julie Carmen, Jurgen Prochnow, David Warner, John Glover, Bernie Casey, Peter Jason, Charlton HestonTandis que dans
Cigarette Burns (l’épisode des
Masters of Horror de
John Carpenter), la démence gagne quiconque visionne le film
La Fin Absolue du Monde ; ici, c’est en lisant les bouquins de l’écrivain Sutther Kane que la folie risque de s’emparer du lecteur. Allant plus loin,
de Luca avance l’idée que les écrits de cet auteur à succès ne sont pas le fruit de son imagination mais la retranscription d’une réalité qui lui est dicté. On reconnaît là le fantasme de bien des écrivains : et si la fiction débordait sur la réalité ? Et si les écrits d’un Homme pouvait changer la face du Monde ? Un concept des plus intéressants et qui se veut particulièrement bien développé. Mais autant le concept est intéressant, autant le scénario a tendance à se perdre dans le grand n’importe quoi et l’exagération perpétuelle – se passant volontiers de détails ou d’explications pour tout mettre sur le compte de la démence du personnage principal… Ce procédé est trop facile et peu créatif. En dehors de cela,
de Luca et
Carpenter nous convient à un final grandiose susceptible de faire fantasmer tout cinéphile qui se respecte. Une histoire inégale donc, comportant presque autant de défauts que de qualités.
Là où le rendu bloque un peu, c’est du côté de la réalisation. Non pas que
Carpenter ait perdu la main, loin de là – les plans sont parfaitement pensés, l’ombre et la lumière finement travaillés… -, mais plutôt que le produit final a pris un sacré coup de vieux. Les effets spéciaux sont un peu justes, les décors se veulent trop oniriques pour être crédibles, et la mise en scène se révèle bancale à bien des égards. La musique a de quoi nous laisser tout aussi perplexes. Débutant par un thème rock tonitruant,
Carpenter et
Lang se rangent peu à peu dans des compositions basiques, convenables certes mais sans rien de bien original.
Et ce n’est pas le casting hétéroclite du métrage qui saura calmer notre ambivalence. D’un côté, force est de reconnaître l’excellence de
Sam Neill dans ce rôle complexe et tordu. D’un autre,
Julie Carmen fait montre d’un jeu pitoyable à la limite du ridicule. Entre deux, vous trouverez un
Charlton Heston tenant une petite forme, et des acteurs secondaires ni sensationnels ni foncièrement mauvais.
En somme,
L’Antre de la Folie a beau trimballer un concept chiadé, le résultat n’est pas exempt de tout défaut, bien au contraire. Ce qui est fort dommage puisque la production
Carpenter/de Luca contenait suffisamment de potentiel pour s’imposer comme chef-d’œuvre. On se consolera tout de même avec ce final mémorable et des clins d’œil explicites à ce grand écrivain de l’horreur qu’est
Stephen King.
Quand Carpenter lui-même ajoute de la réalité à sa fiction…Note : 14.5/20