Face À La Mort
(Faces of Death) – 1979 Réalisé par
Conan Le CilaireÉcrit par
Alan BlackMusique de
Gene KauerFiction ou réalité ? Telle est la grande question posée par
Face À La Mort, plus connu sous le nom de
Faces of Death. À cette interrogation légitime, il convient de répondre : un peu des deux ! En effet, s’il ne fait aucun doute que les massacres d’animaux, les images d’archives sur les sectes ou les accidents de la route, et que certaines autopsies sont bel et bien réels ; d’autres passages font montre d’une mise en scène beaucoup trop élaborée pour être crédibles. C’est le cas de l’attaque de l’ours (un gugusse s’agite autour d’un ours jusqu’à ce qu’il s’énerve puis, un plan de coupe plus tard, le même ours dévore un morceau de viande ensanglanté…), du témoignage de l’assassin (la situation sonne tellement faux qu’elle ressemble à un sketch !), de l’exécution sur la chaise électrique (
Conan Le Cilaire n’est visiblement pas au courant qu’un détenu doit avoir le crâne rasé avant d’être électrocuté ou ses cheveux risquent de prendre feu) et de la séquence de parapsychologie (où l’on sent que le réalisateur cherche à tout prix à foutre la trouille à son auditoire).
À la limite, nous n’en avons que faire de savoir si
Faces of Death est un
snuff movie ou un documentaire fictif. Au pire, il paraît irrespectueux de montrer des macchabées durant leur autopsie ou des personnes encore vivantes avant leur exécution. Soit dit en passant, l’irrespect ne peut s’appliquer au sort des animaux puisque, contrairement à
Cannibal Holocaust, le réalisateur ne crée pas mais assiste passivement, au même titre que le spectateur, aux rituels cruels de l’homme (le combat de chiens, la « dégustation » du singe, le dépeçage des phoques) ou à des comportements animaux (le festin des lions). Avant tout, réduire
Faces of Death au statut de
snuff movie (ce qu’il n’est pas, d’ailleurs) reviendrait à fermer les yeux sur le documentaire passionnant que nous livrent
Conan Le Cilaire et
Alan Black sur les différents « visages de la mort ». Abordant des thèmes aussi variés que la sélection naturelle, les accidents de voitures, les crashes d’avions, les déraillements de trains, les morts par balles, les sacrifices d’animaux, le positionnement des sectes et de la religion quant au décès, la peine capitale, le suicide, le fonctionnement du service médico-légal, ou la guerre ; le métrage de
Le Cilaire dresse un portrait ludique des considérations vis-à-vis de la mort, en y apportant une réflexion sensée et humaine.
Il serait donc injuste de juger
Faces of Death sur les simples controverses qu’il a suscitées (et avec lesquelles il joue volontiers pour se vendre) dans le monde entier. À l’inverse des
Violent Shit, des
Guinea Pig, et des bandes sur le cannibalisme,
Face À La Mort n’est ni un étalage de barbaque gratuit, ni un faux
snuff movie, et ne fait aucunement l’apologie de la cruauté humaine. L’œuvre de
Conan Le Cilaire n’a d’autre parure que celle d’un documentaire mi-fictif mi-réel sur la mort, qui aurait toutes les raisons d’être diffusé sur les chaînes hertziennes en dernière partie de soirée – une diffusion tardive car le programme s’adresse tout de même à un public adulte. En aucun cas,
Faces of Death ne doit être vu comme un film gore ou comme le rejeton d’un cinéma amateur et fauché. Mais plutôt comme un reportage légitime et intelligent sur les mystères d’un phénomène que l’Homme ne parviendra probablement jamais à percer, à savoir la mort.
NOTE : 14/20