FEAST (2006) INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSRéalisé par
John GulagerÉcrit par
Patrick Melton & Marcus DunstanMusique de
Steve EdwardsAvec
Navi Rawat, Balthazar Getty, Josh Zuckerman, Krista Allen, Chauntae Davies, Clu Gulager, Henry Rollins, Duane WhitakerSorti dans une indifférence totale en France,
Feast n’aura pas eu le succès qu’il mérite. Car, derrière cette « petite » production américaine – façon de parler sachant que
Ben Affleck, Matt Damon et
Wes Craven en sont les producteurs exécutifs –, se tapit un film d’horreur d’une efficacité redoutable. En effet,
Patrick Melton et
Marcus Dunstan n’ont pas besoin de plus de 10 minutes pour nous faire entrer dans le vif du sujet. Au bout de cette échéance, chaque protagoniste a eu le droit à une présentation détaillée, le cadre et le ton du film sont posés (un huis-clos blindé d’humour noir), et les créatures de l’histoire ont déjà décimé une bonne partie des personnages secondaires. Ce premier ¼ d’heure passé,
Feast ne trahit jamais ses engagements de départ, alliant second degré et séquences gore.
Et en la matière, le métrage de
John Gulager se montre d’une générosité extrême. Décapitations et énucléations sauvages, arrachages d’organes, effusions de vomis acide, démembrements à coups de griffes, plaies dégoulinantes et rongées par les vers, perforations d’abdomen, éclatements de crânes, carotides sectionnées, et autres joyeusetés dégueulbif sont au programme. Bref, comment ne pas prendre son pied face à un carnage aussi jouissif, qui de surcroît sait se montrer plus subtil qu’il n’y paraît – on ne compte plus le nombre de fois où les scénaristes se moquent ouvertement des films de monstres, démontent les clichés un à un, partent dans des délires quasi cartoonesques (la scène de baise entre créatures) ou s’adonnent à l’autodérision…
Et si le scénario de
Melton et
Dunstan s’impose comme la force majeure de l’œuvre,
Feast trouve de sérieux atouts dans sa réalisation.
John Gulager fait preuve d’un style assez classique, mais les prétendants qui l’entourent font toute la différence. Aidé d’une photographie impeccable (virant à un rouge poisseux à mesure que les minutes défilent), de maquillages spéciaux haut de gamme et d’une troupe de comédiens absorbés par leur rôle,
Feast jouit d’une mise en scène sans faille, soutenant parfaitement le rythme explosif de l’histoire. Dommage que les compositions de
Steve Edwards manquent de panache et d’originalité et qu’elles soient souvent remplacées par des musiques pop un brin crétines – musiques qui, d’un autre côté, renforcent le second degré du métrage.
On pourrait tergiverser pendant longtemps sur la pertinence de
Feast mais le mieux reste encore de découvrir ou redécouvrir cette bande hors-pair, digne héritière d’un cinéma décalé dont les plus beaux spécimens portent le nom d’
Evil Dead,
Braindead ou
Bad Taste. Le pire que l’on puisse souhaiter à
Feast, c’est de connaître le même sort que ses aînés…
Scénario : 4.5/5
Acteurs : 4/5
Réalisation : 3.5/5
Musique : 3/5NOTE : 15/20