Aftermath (1994) Écrit & Réalisé par
Nacho CerdáMusique de
Mark CowlingAvec
Pep Tosar, Jordi Tarrida, Ángel Tarres, Xevi CollellmirPour son deuxième court-métrage,
Nacho Cerdá nous emmène dans les « entrailles » d’une salle d’autopsie, soit l’antre d’un médecin légiste pervers, nécrophile et voyeuriste. S’inspirant des autopsies auxquelles il a assisté,
Nacho Cerdá délivre une œuvre clinique, profondément morbide et malsaine, nantie de maquillages spéciaux à tel point percutants que l’idée d’assister à un
snuff movie nous traverse plusieurs fois l’esprit. Heureusement pour notre santé psychique, les effets trahissent peu à peu l’usage de mannequins en latex (trop légers pour être des cadavres réels) et d’abats d’animaux. N’en déplaise aux fans du genre, le gore est bel et bien présent dans
Aftermath, doublé de situations glauques et macabres à souhait. Situations rendues d’autant plus glauques et dérangeantes que l’ensemble du métrage se dispense de toute parole. Dans une première partie,
Cerdá nous convie à l’autopsie presque intégrale d’un homme, allant de la craniotomie à la pesée des organes en passant par l’incision en Y, le broyage des côtes, l’extraction du cerveau et, bien sûr, la fermeture du corps. Une séquence pour le moins marquante et qui fait grincer des dents en raison de son réalisme. Mais elle n’est rien à côté de ce qui la succède ; la seconde moitié du métrage s’épanchant largement sur les pulsions morbides du personnage principal…
À la manière de
David Cronenberg,
Nacho Cerdá impose une réalisation froide, posée, emplie de symboles psychosexuels, sans concession ni pareille. En nous exposant les tourments et désirs déviants du protagoniste, la caméra se retire peu à peu pour faire de nous les voyeurs de l’histoire. Immergés dans la noirceur de l’âme humaine, nous voilà les complices d’un homme suscitant la plus grande aversion. D’autant plus que le final (assez prévisible) nous le représente comme un individu lambda, le genre de personnes que nous pourrions croiser dans la rue, apprécier, ou que nous pourrions être tout simplement. À noter la présence d’une excellente bande-son – composée de musiques orchestrales –, renforçant l’humour noir du film, et rappelant drôlement l’
Orange Mécanique de feu
Stanley Kubrick. En définitive,
Aftermath demeure une œuvre unique et jusqu’au-boutiste à ne pas mettre entre toutes les mains. Contrairement à
The Awakening, la réalisation est plus professionnelle bien qu’un délicieux ersatz d’amateurisme subsiste. Le résultat est tel que l’on ne saurait dire si le métrage de
Nacho Cerdá est dispensable ou indispensable… À voir, donc, pour se faire son propre avis.
Note : 15.5/20