Les Chasses du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game ― 1932)

Réalisé par Ernest B. Shoedsack & Irving Pichel
Écrit par James Ashmore Creelman
D’après une histoire de Richard Connell
Musique de Max Steiner
Avec Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks, Robert Armstrong, Noble Johnson, Steve Clemento, Dutch Hendrian

SYNOPSIS
Seul survivant d’un naufrage, Bob Rainsford, un célèbre chasseur de fauves, est recueilli et soigné par le comte Zaroff, aristocrate russe qui s’est établi avec ses domestiques tartares sur une île des Caraïbes. Mais il découvre qu’il n’est pas le seul rescapé et que Zaroff provoque des naufrages pour organiser des chasses à l’homme.





Bien qu’il conserve un certain charme, Les Chasses du Comte Zaroff a pris un petit coup de vieux. Tout d’abord du côté des acteurs faisant ici montre d’un jeu théâtral excessif, ce qui peut autant prêter à sourire qu’à agacer – notamment en ce qui concerne Fay Wray, ne s’exclamant que par des « Oh ! » ou des « Ah ! » exagérés et indéniablement vieillis. En même temps, cet aspect vieillot permet de mieux faire passer la pilule lorsque l’intrigue perd de son attrait. Là où le bât blesse également, c’est du côté des personnages ; particulièrement pour ce qui est de Rainsford, figure stéréotypée de l’aventurier courageux qui n’a jamais froid aux yeux, et d’Eve, cliché effarant de la donzelle effarouchée devant être sauvée par son bel aventurier. La réalisation, quant à elle, demeure très conventionnelle ; nous offrant tout de même de beaux jeux de perspective, et nous permettant de découvrir avant l’heure les décors qui serviront au tournage de King Kong.





En somme, c’est bien l’histoire, ou plutôt son concept, qui constitue le point fort et l’intérêt majeur de ce film. En effet, l’idée du comte se distrayant uniquement via ses chasses à l’homme a conservé tout son impact et toute sa saveur. Et ce, grâce au jeu épatant de Leslie Banks, littéralement effacé derrière les traits de l’infâme comte Zaroff, personnage froid, mystérieux, antipathique et inquiétant par-dessus tout. En revanche, on pourrait reprocher au scénario un manque de dynamisme, rendant parfois l’œuvre de Shoedsack et Pichel un tantinet ennuyeuse bien que le métrage ne dure que 65 minutes. De même, l’on pourrait accuser un développement hautement prévisible et dont les retournements s’avèrent désuets à l’heure actuelle. Disons que l’on devine pertinemment d’entrée de jeu qui mourra et qui vivra à la fin, que l’aventurier et la blondinette nunuche finiront ensemble, happy-end oblige. Malgré son âge avancé, Les Chasses du Comte Zaroff reste une œuvre à découvrir, ne serait-ce que pour la prestation de Leslie Banks dans la peau du comte Zaroff, et la parabole faite à l’émergence des pulsions meurtrières chez tout un chacun.



Note : 14.5/20