Frissons (Shivers) – 1974 Écrit & Réalisé par
David CronenbergMusique d’
Ivan ReitmanAvec
Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Allan Migicovsky, Susan Petrie, Barbara SteeleContrairement à
Rage – métrage annonçant le style et le talent du cinéaste –,
Frissons verse dans l’horreur classique, voire dans le thriller horrifique
old school. En réalité,
David Cronenberg semble peaufiner son approche et se chercher encore. Et le fan assidu saura y déceler les leitmotivs de l’auteur. La médecine clinique pointe le bout de son nez (les théories concernant le remplacement d’un organe défaillant par un parasite « apprivoisé », l’autopsie du patient zéro, les allusions au cancer et aux ulcères) mais
Cronenberg ne s’arrête qu’à quelques balbutiements farfelus qui auraient mérité d’être développés plus en avant. Malgré une plongée intimiste, perverse, presque voyeuriste, dans les affres du cancer (via des vomissements et des mares de sang, filmés crûment), et en dépit de passages aussi déroutants que répugnants (l’émergence des protubérances parasitaires, l’étranglement brutal de la jeune femme, la scène de la baignoire – où un parasite s’infiltre dans les parties intimes de
Barbara Steele !) ;
Frissons révèle un certain nombre de longueurs, nuisant au rythme du métrage plus qu’elles ne participent à la montée en tension. Ceci étant, le développement du récit ne se détache pas de tout intérêt. Il est plutôt amusant, ou troublant (c’est selon), d’assister à cette frénésie sexuelle et ce débordement de violence, aboutissant à une gigantesque orgie et à un dénouement final qui n’est pas sans évoquer le débarquement des zombies de
La Nuit des Morts-Vivants.
L’évolution du scénario mise à part, c’est aussi du côté de la réalisation que
Cronenberg se fait visiblement la main. On retiendra quelques bonnes initiatives (prises de vue subjectives, contre-champs, séquences filmées caméra à l’épaule, plans serrés d’une froideur sans nom) ainsi qu’une musique oppressante, malheureusement gâchées par une mise en scène laissant entrevoir ses faiblesses (figurants qui se marrent un peu trop, image souvent tremblotante), des maquillages spéciaux guère à la hauteur des ambitions du cinéaste (faux-sang très rose, chairs trop artificielles, etc.), et des acteurs rarement convaincants – en particulier
Paul Hampton (St. Luc),
Lynn Lowry (l’infirmière Forsythe) et
Allan Migicovsky (Tudor, l’infecté en faisant décidément beaucoup trop en dernière partie de métrage).
Même si l’on se trouve loin des sommets qu’atteindra
Cronenberg des années plus tard,
Frissons possède son petit lot de qualités, lui permettant de suffisamment contrebalancer les imperfections d’un amateurisme trop prégnant pour ne pas susciter l’ennui chez le spectateur qui le regarde. Cette sorte de parodie de la libération des mœurs (et poussée à l’extrême) n’a pas tout perdu de son impact et provoque presque autant de rires que de haut-le-cœur. Et vous, qu’avez-vous pensé de
Frissons ?
Réalisation : 3/5
Histoire : 3.5/5
Acteurs : 2/5
Musique : 3.5/5Note : 12/20