À l'intérieur

Synopsis: Depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Sarah est seule et malgré une mère omniprésente, c'est seule qu'elle passera son réveillon de Noël. Seule et enceinte. Cette nuit est la dernière que la jeune femme passera chez elle. Le lendemain matin, celle-ci doit entrer à l'hôpital pour accoucher. Dans sa maison, tout est calme. Jusqu'au moment où quelqu'un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l'enfant qu'elle porte en elle...



Jusqu’à maintenant, il y avait très peu de film qui m’avait dérangé, à un tel point que je détourne le regarde, pendant certaines scènes. Et bien, le film d’Alexandre Bustillo & Julien Maury fait désormais partie des films, qui ont réussis à rendre leur visionnement dérangeant. Pour un premier long métrage, le duo frappe extrêmement fort. Ils y vont d’un film excessivement sanglant, brutal, gore et déstabilisant. Car, oui, c’est déstabilisant, troublant, perturbant, de voir une femme enceinte se faire mal traité de la sorte.



Tout d’abord, il faut avouer que ces deux comparses, ont une très bonne maîtrise, dans l’utilisation des références et éléments communs du film d’horreur (la demeure inquiétante, le chat noir…). Pendant la première partie, les deux réalisateurs arrivent à instaurer une ambiance vraiment prenante et prennent le temps de mettre en place posément l'intrusion de cette femme qui en veut au bébé de la pauvre Sarah, celle-ci étant tout d'abord perçue comme un élément fantomatique, quasi-invisible, avant de devenir une implacable «boogeywoman», que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils arrivent à faire monter la pression progressivement grâce à la bonne utilisation d'une musique oppressante, qui nous fait presque suffoquer avec la pauvre victime piégée dans la maison, et à une montée dans la violence des scènes, dont certaines dérangeront même les habitués du genre. L'horreur de certains passages prend aux tripes et nous lessive véritablement avec des scènes chocs, mais implacablement réalistes. Certains diront que le scénario d’Alexandre Bustillo ne réinvente pas le genre. Ça c’est sûr! Mais, il applique avec passion les règles, puis joue harmonieusement avec. L’habileté d’Alexandre Bustillo, c’est de ne jamais aseptiser son histoire pour que celle-ci soit visible par le grand public, il assume dès le départ un parti pris scénaristique qui choquera les adeptes de teen-movie, mais enthousiasmera ceux qui veulent voir du vrai cinéma non formaté, parfois dérangeant, qui va au bout de son idée, sans jamais se détourner de son objectif.



À l’intérieur est aussi très réussi, car il est porté par deux actrices sublimes. Alysson Paradis est très convaincante, dans le rôle de la femme enceinte, rongée par le deuil et qui est prête à tout, pour sauver son enfant. Face à elle, Béatrice Dalle impressionne dans le rôle d’une véritable prédatrice enragée, capable des coups les plus horribles. Elle abonde en charisme et se fait haïr, tout au long du film. Un incroyable duo d’actrices! Je veux aussi dire un gros bravo, à l’équipe qui s’est occupée de faire les maquillages des acteurs. Ils sont vraiment très bien faits et les effets sont très réussis.



Malheureusement, tout n’est par parfait dans À l’intérieur. Les scènes, nous montrant le bébé dans le ventre de sa mère, sont vraiment inutiles et de plus, j’ai trouvé qu’elles étaient plus ou bien faites. C’est beaucoup trop évident, que ces scènes sont fait par ordinateur. Il y a aussi, le message politique, mettant en toile de fond les émeutes de 2005, qui ne sert pas à grand chose. Ça n’a rien à voir avec l’histoire de ce film. Mais bon, ce ne sont que de petits détails, qui sont assez vite oubliés.



Donc, tous ceux qui ne sont pas adepte d’hémoglobine et bien, passez votre chemin. Ce film n’est pas fait pour vous. Mais, pour les adeptes, vous allez vous régaler. Pour un premier film Alexandre Bustillo & Julien Maury ont fait un très bon travail. Le film n'est peut-être pas parfait, mais on est bien devant une réussite macabre et marquante. Les deux réalisateurs nous montrent avec À l'intérieur, un amour certain pour le genre et le font avec une sincérité évidente.

Note: 18/20

John Doggett a écrit:

Il y a aussi, le message politique, mettant en toile de fond les émeutes de 2005, qui ne sert pas à grand chose. Ça n’a rien à voir avec l’histoire de ce film.

Putain mais c'est pas possible ! Le thème des émeutes de 2005 a déjà été repris dans Frontière(s) et il sonnait complètement faux avec l'histoire (qui n'était pas bien brillante, elle non-plus !). J'espère simplement que les deux auteurs ne se sont pas contentés de combler le vide scénaristique par du gore...

Je n'ai pas vu le film, n'étant pas un fan de l'hémoglobine pour l'hémoglobine. Par contre je connais les responsables des effets spéciaux, Fx cinema (http://fxcinema.com/index.php), Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thevenin,
qui sont très sympa ! J'ai vu dans leur atelier le buste en silicone de B. Dalle, et c'est troublant de réalisme. Un lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=-_5KovK0elI&feature=related

Tu sais pas s'ils font des SFX bénévolement, par hasard ?

ArPaNet a écrit:

Tu sais pas s'ils font des SFX bénévolement, par hasard ?

Ah non je crois pas qu'ils fassent du bénévolat... Par contre je suis moins cher !

Moins cher ? Et le bénévolat, t'en fais un peu ou pas ?
À vot' bon coeur, m'ssieu...

Ah mais euuuh !
Comme c'est mon boulot, je peux pas trop faire de bénévolat (tu te fais pas payer, toi, dans ton boulot? )...
Mais bon suivant les demandes, le genre d'effet, si ça prend pas trop de temps, pas trop de produit, et que les produits sont payés, on peut envisager de faire un effort... Mais je suis pas les Restos du Coeur !
Mais on peut discuter...

Je ne faisais que demander de toute manière. J'ignorais que tu en avais fait ton travail, je pensais que ça n'était qu'une spécialité.
Le moment venu, on en rediscutera, l'ami.

No problemo je suis toujours ouvert aux propositions honnêtes et sérieuses (gnarf gnarf gnarf)

INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS



Réalisé par Julien Maury & Alexandre Bustillo
Écrit par Alexandre Bustillo
Musique de François-Eudes Chanfrault
Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Claude Lulé







Quel gâchis !
Sous un premier abord, À L’Intérieur avait tout pour devenir le film d’horreur dont le cinéma français avait besoin. Mais, à l’instar d’Aja et Levasseur sur Haute Tension, Alexandre Bustillo n’a pas pu s’empêcher de ruiner le potentiel (indéniable) de son scénario et de se vautrer dans d’immenses clichés et incohérences. Un bilan d’autant plus fâcheux que le début de l’œuvre nous laissait en présence d’un thriller intense, nerveux, intelligemment mené, dont le gore outrancier trahissait les intentions de choquer de l’auteur mais s’accueillait surtout comme un hommage aux bandes de Lucio Fulci et consorts.







Impossible, donc, de ne pas frémir d’effroi ou de dégoût au regard de cette histoire, dans laquelle Sarah, une jeune femme solitaire sur le point d’accoucher, reçoit la visite d’une étrangère qui semble s’intéresser de près à l’enfant qu’elle porte. Alternant suggestion et exposition, peurs discrètes et vacarme visuel, le métrage de Julien Maury et Alexandre Bustillo a su développer son intrigue avec ingéniosité et originalité, à un point tel qu’il résulte de leur œuvre un climat poisseux, pesant et angoissant (voir cette séquence absolument terrifiante, où l’on comprend que la Femme a réussi à s’introduire dans la maison de Sarah). Un constat des plus positifs en somme, du moins jusqu’à ce que les ambitions des deux compères soient écrasées par d’énormes clichés et des illogismes en pagaille, qui sortent directement le spectateur du récit et rendent À L’Intérieur profondément incohérent.







Ainsi, lorsque les deux policiers se font trucider par la Femme, le collègue restant ne juge pas utile de prévenir les autorités alors qu’un coup de feu a été tiré et que ses partenaires gisent au sol, en charpies. Quand les plombs de la maison sautent, ce blaireau ne trouve rien de mieux à faire que s’aventurer dans l’obscurité pour remettre le courant en route (c’est vrai qu’il est primordial de toucher au disjoncteur lorsqu’une cinglée vient de massacrer des coéquipiers et qu’elle rôde encore dans les parages !!!). Et au lieu de sortir Sarah pour la mettre en lieu sûr – ou du moins l’écarter temporairement du danger –, cet abruti préfère panser tranquillement les plaies de la jeune femme et lui conseiller de l’attendre dans la chambre à coucher... Donc, non seulement, le flic a deviné où se trouvait la chambre de Sarah sans même avoir visité la maison, mais il ne prend pas en plus la peine de vérifier si la pièce est sûre. Mais cette conne ne fait pas preuve de plus de bon sens puisqu’elle met de côté l’arme à feu que le policier lui a confié et prend le temps de s’allonger sur le lit !





Pour couronner le tout, le jeu bancal des comédiens accroît le stéréotype dans lequel baignent les policiers, idem pour l’interprète de la racaille de service – qui passe son temps à débiter son texte sans intonation aucune. Le personnage de Sarah, qui se montrait humain jusqu’ici, tend de plus en plus vers le cliché d’une héroïne de revenge movie (notamment lorsqu’elle se confectionne une arme de fortune et semble partir à la chasse au cachalot !). Même constat pour la Femme, qui paraissait sensible et limitée au commencement, mais qui se transforme finalement en boogey(wo)man hyper coriace, voire invincible (elle semble plus atteinte par un coup reçu sur la tête que par la carbonisation de son visage). La musique de François-Eudes Chanfrault colle bien à l’atmosphère dérangeante d’À L’Intérieur mais ses effets larsen sont tellement redondants qu’ils finissent par jurer avec l’image. Enfin, si l’abondance de séquences gore ne lasse pas vraiment, et si leur jusqu’au-boutisme s’avère admirable, l’obstination de Maury et Bustillo à tout montrer de près dessert la crédibilité de ces scènes-choc et, par conséquent, amoindrit leur impact.

Spoiler:

En tant qu’anciens rédacteurs de la revue Mad Movies, Alexandre Bustillo et Julien Maury connaissaient bien les lieux communs et les incohérences susceptibles de plomber un métrage ; ce qui rend leurs dérapages scénaristiques d’autant plus impardonnables et incompréhensibles. En même temps, ce n’est pas comme si le cinéma de genre français avait déjà fait mieux par le passé... Et puis, il est vrai qu’à côté des nanards (Le Pacte des Loups, Promenons-Nous dans les Bois, le revirement de Haute Tension), des séries B (Frontière(s), Sheitan) et des sérieuses déceptions (Martyrs, à mille lieues du choc annoncé), À L’Intérieur parvient à tirer l'épingle de son jeu grâce à une première partie réussie, des séquences bien pensées (la trachéotomie ratée en est une), une conclusion satisfaisante et, avant tout, grâce à la prestation remarquable d’Alysson Paradis (tout à fait convaincante) et Béatrice Dalle (surprenante et excellente). Mais on ne s’y trompera guère pour autant, la bande de Julien Maury et Alexandre Bustillo ne constitue rien d’autre qu’un nouveau pétard mouillé dans l’industrie horrifique française ! Dommage...

Et bien 12/20, c'est pas si mal pour la déception que tu sembles avoir vécue. Bon, en tous cas, il faut que je pense à le voir, ce film...

Aurore a écrit:

Et bien 12/20, c'est pas si mal pour la déception que tu sembles avoir vécue. Bon, en tous cas, il faut que je pense à le voir, ce film...

Disons que la première partie de l'oeuvre et les scènes qui suivent les grosses incohérences du récit parviennent à sauver les meubles, surtout grâce à la performance des deux actrices. Et puis, ce n'est pas comme Haute Tension dont le revirement final foutait en l'air toute la cohérence du métrage...

À L'Intérieur est à voir au moins une fois, ne serait-ce que pour son jusqu'au-boutisme.

Bon ça y est, je l'ai enfin vu!

Et tout ce que je peux dire, c'est que je rejoins ton avis Arpanet...

J'ai été bluffée par la prestation de Béatrice Dalle (qui est pour moi la seule actrice française capable d'incarner ce genre de rôle), et assez dégoutée par certaines scènes gore, qui est, je pense, le but recherché...

Mais malgré tout, pour deux anciens rédacs de Mad Movies connaissant le genre par coeur, les codes du film d'horreur et les erreurs à ne pas faire, il y a plusieurs incohérences, bétises, illogismes et énormités qui, en tant normal, serait relevées non sans cynisme appuyé dans le mag.

Le premier tiers du film marchait à merveille, malgré quelques petites exagérations.
Je veux dire: je suis harcelé chez moi par une personne aux intentions douteuses, la dernière chose à laquelle je pense, c'est la photographier puis aller tranquillement développer mes négatifs dans la chambre noire...
Et puis soit dit en passant, photographier une personne au flash à travers une vitre et obtenir une image parfaite sans grosse tâche blanche au milieu provoqué par ce même flash, ahahaha, je me marre)

Mais alors dès que les flics arrivent, c'est la cata. Déjà l'histoire se déroule dans une banlieue à priori calme, en pleine nuit. Où est alors l'intérêt de mettre la sirène en stationnant sinon d'aggraver la situation et de prévenir le tueur de leur arrivée...J'en ai ri, vraiment.

Ensuite, laisser la victime retourner sagement dans sa chambre pendant qu'on va s'occuper du disjonteur, ça passe moyen. Lui fournir un flingue, encore moins.
S'allonger tranquillement sur son pieu en jetant le flingue sur la taie d'à côté et en attendant que les choses passent, alors là, c'est le pompon.

Alors toutes ces petites incohérences, ça me faisait rire au début, on pardonne; mais à force d'accumuler les bévues, ça finit par me contrarier, puis par carrément m'énerver.

En somme, et pour résumer, je suis super déçue....

Je vois que les mêmes incohérences t'ont aussi déçu que moi. Et nous avons tous les deux oublié le fait que les flics ne prennent même pas en compte la photo prise par Sarah alors que le visage de la Femme y est distinguable avec quelques retouches.

Enfin voilà, je suis content de ne pas être seul à penser cela d'À L'Intérieur dont je n'avais entendu presque que du bien !

As-tu vu Haute Tension, Frontière(s) et Martyrs, Aurore ?