SAW IV (2007) INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANSRéalisé par
Darren Lynn BousmanÉcrit par
Patrick Melton, Marcus Dunstan & Thomas H. FentonMusique de
Charlie ClouserAvec
Tobin Bell, Costas Mandylor, Lyriq Bent, Scott Patterson, Donnie Wahlberg, Betsy Russell, Athena Karkaris, Justin Louis, Simon ReynoldsSAW IV, ou comment le serpent s’est mordu la queue…
Leigh Whannell et
James Wan ont définitivement quitté le navire – quoique toujours producteurs exécutifs – et leur départ se fait douloureusement sentir dans le résultat final. Réchauffé, sans originalité ni logique, la 3e suite de
Darren Lynn Bousman apparaît comme le numéro de trop. Comme celui dont la saga et les fans de la première heure se seraient dispensé…
SCÉNARIO : 1.5/5Au lieu d’un hommage, les 3 scénaristes de
SAW IV ont préféré faire dans le réchauffé à tout bout de champ, immisçant une infinité de quiproquos et de renversements rasoir pour mieux cacher leur manque effarant de créativité. Alors, résumons : on reprend les personnages secondaires de la suite précédente pour les mettre sur le devant de la scène – comme Amanda dans
SAW II, et Kerry et l’inspecteur Matthews dans
SAW III. Ici, Rigg est confronté à une série d’épreuves censées lui donner une leçon pour finalement échouer – comme Jeff dans
SAW III. Un personnage mystère est chargé de contrôler le parcours de Rigg sur des moniteurs et de garder un œil sur 2 autres captifs – tout comme Zep dans le premier volet. Et, non seulement prévisible et bateau, le retournement final nous apprend (à moitié !) que Jigsaw a un complice dans l’histoire, complice qui se fait également passer pour une victime du tueur – soit le brouillon du twist de
SAW II.
Et encore, s’il n’y avait que cela… Le cliffhanger de
SAW III est littéralement bafoué et essuyé en 15 secondes. L’ensemble manque scrupuleusement de cohérence : on voit mal Rigg forcer une personne à subir le piège prévu par Jigsaw ; ce dernier semble être doué de prescience tant ses enregistrements vocaux tombent toujours sur la personne visée ; l’implication du complice du Tueur prend des ampleurs inconsidérées…
Après, il est vrai que les séquences gore et les pièges du métrage valent le coup d’œil. Dont l’autopsie (jusqu’au-boutiste) de Jigsaw, l’arrachage du cuir chevelu, l’affrontement entre le Parleur et le Voyant, le démembrement du voyeur, la mort violente de l’inspecteur Matthews. Mais
SAW IV sombre rapidement dans la surenchère futile, compensant sa bassesse scénaristique par des effets gore mal exploités.
RÉALISATION : 2.5/5Il aura fallu 2 suites à
Darren Bousman pour se défaire une bonne fois pour toutes du style de
James Wan. Et, dépourvu de ce copiage, le cinéaste révèle bien vite ses faiblesses comme son académisme. Mis à part quelques panoramiques filés et un cadrage serré au niveau des plans gore (la scène d'ouverture plagie
Aftermath de
Nacho Cerdá mais demeure éprouvante), la réalisation de
SAW IV délaisse le charme des premiers opus et préfère miser sur une mise en scène banale, peu ou prou cohérente, presque fade tant le produit final sent le je-m’en-foutisme à plein nez. Comme quoi, le changement de scénaristes n’est pas le seul écueil auquel se heurte ce 4e chapitre.
ACTEURS : 2/5Alors que les castings précédents révélaient des personnalités tantôt convaincantes (
Donnie Wahlberg, Leigh Whannell, Shawnee Smith) tantôt sidérantes (
Cary Elwes),
SAW IV semble avoir raclé les fonds de tiroirs pour constituer sa petite troupe de pseudo acteurs. Au sein de cette équipe de bras cassés jouant comme deux pieds gauches (
Lyriq Bent pathétique dès qu’il ouvre la bouche,
Costas Mandylor faux dans chacune de ses apparitions), aux increvables
Tobin Bell et
Donnie Wahlberg de faire leurs preuves. Et inutile de préciser que le résultat ne tient guère la route – bien que la prestation de
Betsy Russell (la femme de l’un des producteurs) soit tout à fait convenable. Comble de tout, les protagonistes ne sont plus que les pâles copies des personnages des 3 premiers métrages. À force de radoter futilement sur le passé de Jigsaw, le Tueur au Puzzle n’est plus que l’ombre de lui-même. Et toutes les victimes qui l’entourent ne sont que des prétextes pour jouer la carte de la boucherie gratuite. Difficile donc de s’attacher tant soit peu à des personnages sans âme… À noter le cameo de
Tony Nappo (Gus dans
SAW II) dans la salle d’attente de la clinique.
MUSIQUE : 2.5/5On ne pourra pas reprocher à
Charlie Clouser de s’être investi à la légère dans le projet – comme ce fut le cas pour
SAW II. Ceci étant, le score du 4e volet est loin de remplir le cahier des charges. Si un accompagnement musical aussi chiadé que le premier opus ne surgira jamais plus de la saga, l’on était en droit d’attendre des partitions convenables de la part du compositeur. Or,
Clouser passe son temps à pianoter des mélodies plates, à réitérer le thème principal de
SAW et à combler les vides de la mise en scène par des clichés sonores. Le rendu demeure toutefois recevable mais décevant en tout point.
Pour conclure,
SAW IV répond par l’affirmative à nos pires craintes. Tandis que la saga de
Wan et
Whannell s’efforçait de garder la tête haute au fil de ses scénarii, la chiure de
Bousman ne correspond qu’à une vaste arnaque commerciale. Où la créativité de jeunes cinéastes a été écrabouillée par la cupidité des producteurs. De là, l’avenir de
SAW semble tout tracé. On aura droit au retour de Jeff (le survivant du piège des perceuses dans le premier chapitre), à celui de Daniel (le fils d’Eric Matthews, venu venger son père), à celui de l’inspecteur Hoffman (malheureusement…) et bien sûr à celui de la femme de Jigsaw. Et, dans
SAW X, le fils du Tueur au Puzzle – que tout le monde croyait mort mais dont la naissance fut dissimulée à John Kramer – reprendra les rênes de son père pour de nouvelles aventures. Tant qu’on y est, il y a fort à parier que Jigsaw aura droit à sa résurrection… Croyez-moi, le pire est à venir !
NOTE : 8.5/20