10x01 : La Vérité Est Ailleurs — 1re partie (My Struggle) 1re diffusion américaine : 24 janvier 2016
1re diffusion française : 26 février 2016
Écrit & Réalisé par
Chris CarterDire que l’on attendait cette 10e saison avec impatience est un doux euphémisme. En effet, il paraissait tout à fait inespéré de revoir les agents Mulder et Scully plus de 13 ans après l’arrêt de la série. Et, à ce titre, cette nouvelle saison est un joli petit cadeau fait aux fans par
Chris Carter, David Duchovny, Gillian Anderson et les autres membres de l’équipe et de la Fox. Mais dire aussi que l’on attendait cette 10e saison avec une certaine frilosité, voire avec une certaine méfiance, suite à l’échec artistique que constituait le 2e film,
I Want To Believe, n’est pas faux non plus. Et hélas, ce premier épisode donne raison à nos craintes.
Dès les premières images, un certain malaise s’installe. Résumer les neuf premières années de la série semblait inévitable afin de rafraîchir la mémoire des fans les moins aguerris et de la présenter à ceux qui la découvrent. Le faire autrement qu’en extraits vidéo est même à ce titre tout à fait louable. Mais le faire à partir de captures d’écran des épisodes les plus célèbres ou de photos de promotion (voir ci-dessus) est, pour le dire franchement, complètement con ! On se dit donc rapidement que
Carter aurait mieux fait de faire moins original et d’opter pour des extraits vidéo. Mais passons…
Vouloir ouvrir la saison sur le crash de Roswell se révèle déjà beaucoup plus intéressant. De fait, jamais le crash n’avait été présenté dans la série alors que l’on en parlait tout le temps. Bon, il faut bien avouer que les effets spéciaux ne sont plus aussi soignés qu’auparavant mais ne jouons pas les fines bouches non plus.
Non, le second malaise survient lorsque nous découvrons
Gillian Anderson pour la première fois : on savait que l’actrice aimait jouer du bistouri mais là, elle apparaît carrément ignoble et vient ruiner le fantasme de tout être masculin ayant grandi avec la série. Bordel, qu’est-ce qui leur prend à toutes (et presque tous) de se défigurer à ce point ?! Non, la chirurgie esthétique ne vous rend pas plus beaux ou plus belles, elle vous laisse croire que vous êtes plus jeunes mais vous finissez absolument tous par ressembler à des bouts de plastique hideux. Bref,
Gillian Anderson est maintenant immonde et les fans n’ont plus qu’à fermer les yeux à chacune de ses apparitions. Encore que les fans francophones sont doublement punis puisque, hélas,
Caroline Beaune, la doubleuse de Dana Scully, est décédée en juillet 2014. C’est donc avec la voix d’une autre que les fans doivent composer. Une voix pas trop mal choisie, reconnaissons-le, mais, après autant d’années, impossible d’associer la voix de Scully à quelqu’un d’autre que
Caroline Beaune…
Comment définir le reste de l’épisode ? « Brouillon » serait certainement le terme le plus approprié. Tout d’abord, il paraît un peu étrange, pour ne pas dire illogique, que Mulder et Scully puissent revenir au FBI si facilement. Non pas en terme de facilité de réembauche (encore que…) mais plutôt parce que, petit rappel des saisons 8 et 9, le gouvernement était peuplé d’extraterrestres nommés Super Soldats qui ont forcé Mulder à fuir, l’ont condamné à mort et ont failli exterminer l’enfant de Mulder et Scully avant et après sa naissance — ce qui les a d’ailleurs conduit à le faire adopter. Mais bon, passons…
Non, ce qui apparaît le plus brouillon dans cet épisode est son déroulement à proprement parler. Il est loin le temps où
Chris Carter nous livrait des scénarios passionnants, mijotés aux petits oignons, irréprochables sous tous rapports. Ici, difficile de suivre les verbigérations des protagonistes sans finir par se sentir complètement paumés ! Rappelez-vous le double épisode
Redux ouvrant la saison 5, Mulder s’y voyait expliquer l’ensemble du complot depuis Roswell sur près de 10 minutes et… on comprenait tout car tout s’imbriquait avec limpidité. Là, c’est bien différent. Les théories conspirationnistes prennent le pas sur l’histoire alors qu’elles sont toujours venues, auparavant, alimenter l’histoire.
Ainsi, on présente à Mulder un vaisseau ultra secret sans trop que l’on comprenne pourquoi. On rouvre de nouveau les Affaires Non-Classées pour des raisons fallacieuses (une affaire inexpliquée : vite, rouvrons un service conspué fermé il y a une dizaine d'années juste parce que ses deux agents refont leur apparition... sérieusement ?!). Mulder se met à croire dur comme fer, après une simple discussion avec un présentateur télé, que toutes les théories sur le paranormal sont fausses et uniquement dues aux êtres humains… Mulder aurait-il oublié qu’il a été enlevé par des extraterrestres, contaminé par l’huile noire (qui était le sang des E.T. depuis le début de la série, mais dont le nouvel alien de l’épisode est curieusement dépourvu…), doué de perceptions extrasensorielles à cause des séquelles de l’huile noire, et qu’il a assisté de visu à des phénomènes paranormaux irréfutables ? On a connu Mulder plus convaincu par sa propre cause et, surtout, rappelons qu’il avait déjà connu cette « crise de foi » par le passé, après l’épisode
Redux justement. Non, vraiment, Chris Carter passe sans arrêt du coq-à-l'âne, la cohérence s'effrite rapidement et l'on finit par ne plus rien comprendre. Soit le scénario original était beaucoup trop long et
Carter n'a pas su le condenser suffisamment pour en faire un épisode potable (ou juste compréhensible, ça aurait été pas mal...), soit
Chris Carter ne sait tout simplement plus écrire et on le remerciera d'aller voir la vérité, c'est-à-dire ailleurs ! Dans tous les cas, l'auteur de la série ne fait que reproduire les erreurs qu'il avait déjà commises sur
I Want To Believe.
Donc rien de neuf à l’horizon, ce qui n’est guère amélioré par l’introduction de cette jeune femme victime d’enlèvements : tout avait déjà été dit durant les neuf premières saisons, si ce n’est cette variante où les militaires se sont servis de la technologie extraterrestre. Quant aux « pépites » finales, elles ne font qu’accentuer le goût amer que nous avions déjà en bouche. En premier lieu, l’explosion de la voiture par le vaisseau militaro-extraterrestre est digne d’une série Z. En second lieu, la résurrection de L’Homme à la Cigarette — déjà mort trois fois dans la série, dont la dernière au napalm quand même ! — montre combien
Chris Carter peine à renouveler son concept et tire sur la corde pour raccrocher les wagons.
D’ailleurs, on comprend assez rapidement que le créateur du show ne sait plus trop quoi faire de ses protagonistes. Facile pour Mulder, qui a toujours été un «
believer » et n’a fait qu’accroître sa croyance dans la vie extraterrestre au fil des ans. Mais c’est bien plus difficile pour Scully qui, après sept années de déni scientifique, s’est mise à rejoindre le cause de Mulder. Le rapport de force qui existait entre les deux n’existe donc plus. Tous deux croient à la même chose et
Chris Carter ne sait clairement plus comment le gérer. Il avait su habilement le faire durant la saison 8 (bien aidé par de talentueux scénaristes — qu’il aurait mieux fait de réembaucher cette année !) mais la magie n’opère plus.
Au final, oui, il est toujours agréable de retrouver Mulder et Scully mais certainement pas dans un épisode aussi mal branlé, écrit avec les pieds, et jurant avec l’esprit de la série !
Chris Carter aurait-il perdu pied ? La suite viendra hélas le confirmer…
NOTE : 8/20
ANECDOTES
L'acteur
Hiro Kanagawa est bien connu des
X-Files puisqu'il occupait déjà un rôle dans les épisodes
Intraterrestres (saison 2) et
Aux Frontières du Jamais (saison 4).
Vive les faux raccords ! Dans un plan, Mulder a les cheveux longs. Dans la scène qui suit juste après, il a les cheveux courts... Magnifique !
"NOUVEAU" GÉNÉRIQUE