L'Invasion des Profanateurs de Sépulture (Invasion of the Body Snatchers ― 1955)

Non, L’Invasion des Profanateurs de Sépulture ne conte pas les malversations de quelques pilleurs de tombes mais bien la colonisation de la planète Terre par des créatures venues d’ailleurs, ici des espèces de cosses géantes mettant au monde de parfaits clones des êtres humains. Une colonisation que le Dr Bennell, un médecin généraliste, tente de dévoiler au plus grand nombre, envers et contre tout (et contre tous).
S’il faut y voir un synopsis de pure série B ainsi qu’un ersatz du maccarthysme (remplacez les clones extraterrestres ― prétendant apporter la paix en contraignant leurs hôtes à perdre leur humanité ― par des communistes), le développement permet de réévaluer la qualité réelle du métrage de Don Siegel.

De fait, L’Invasion des Profanateurs de Sépulture s’impose aujourd’hui comme le précurseur du thème des colonisations extraterrestres. Que ce soit par son accroche (les envahisseurs sont déjà parmi nous !) ou que ce soit par le climat de paranoïa qu’il instaure (le Dr Bennell ne sait plus à qui se fier, passe pour un fou alors qu’il tente de mettre à nu ce complot), le scénario de Daniel Mainwaring ― et, officieusement, de Richard Collins ― aura inspiré bon nombre de productions ultérieures. Outre ses multiples remakes (celui de Philip Kaufman en 1978, celui d’Abel Ferrara en 1993, celui d’Oliver Herschbiegel en 2007, un autre prévue pour les années à venir), L’Invasion des Profanateurs de Sépulture a clairement influencé des séries telles que Les Envahisseurs de Larry Cohen et The X-Files de Chris Carter (même genre de protagoniste, même chemin de croix, même mode opératoire pour coloniser la planète, mêmes conspirations, etc.).

Pour autant, il serait vain de fermer les yeux sur les quelques maladresses disséminées au fil de l’œuvre. Ainsi, le jeu parfois très théâtral des acteurs (celui de King Donovan tout particulièrement), les quelques simplicités narratives (il suffit qu’un être humain s’endorme pour que son clone prenne sa place), la mise en scène tantôt académique tantôt sur-codifiée, et les touches paroxystiques des compositions de Carmen Dragon (qui ne sont toutefois pas sans charme) ne permettent pas au film de Don Siegel de s’affranchir complètement de son postulat (comme de son statut) de série B. Il demeure néanmoins au-dessus du lot et se suit toujours avec autant de plaisir et d’entrain.