Les Envahisseurs de la Planète Rouge (Invaders from Mars ― 1953)

Les Envahisseurs de la Planète Rouge… Si le titre original demeure sans équivoque, la traduction française trahit sans aucune subtilité l’époque dans laquelle l’œuvre de William Menzies a été tournée. Série B typique de la Guerre Froide, Invaders from Mars cherche davantage à glorifier l’American Way of Life ― en étalant tous ses archétypes (le blondinet innocent, les figures parentales protectrices) ― et à flatter la puissance de l’armée états-unienne (défilés de chars, explosions à tout-va, fusée nucléaire, déploiement de bastions entiers…) qu’à conter un récit de science-fiction.

Pour preuve, outre le prologue où une soucoupe volante vient s’écraser dans une carrière, la première heure ne fait qu’accompagner le jeune héros dans sa croisade pour faire savoir aux autorités que les Extraterrestres ont débarqué et commencé à transformer la population en esclaves décérébrés. Ainsi, ce n’est que 15 minutes avant le générique de fin que les vaillants soldats décident de pénétrer l’antre des Extraterrestres et que le public peut découvrir leurs apparences : des humanoïdes verdâtres, marchant avec un balais calé dans l’arrière-train, obéissant à une grosse tête pourvue de tentacules (en fait, un acteur avec un ballon en plastique sur le haut du crâne !).
Un récit guère captivant, en somme, qui se clôture de surcroît par un final chaotique où, pour justifier l’épilogue et donner de l’intensité à la scène (le décollage et l’explosion imminente de la soucoupe volante), le blondinet se remémore ― pendant une bonne minute ― tous les moments forts du film tandis qu’il fuit la base E.T.

Évidemment, Invaders from Mars se pourvoie d’effets spéciaux vieillots, d’une mise en scène léthargique, de décors en carton-pâte qui ne font illusion à aucun moment, d’acteurs en roue libre qui cabotinent sans retenue, d’une musique paroxystique à côté de la plaque…
En bref, sans surprise aucune, Les Envahisseurs de la Planète Rouge se révèle être une série B (voire Z) obsolète, kitsch, involontairement drôle mais, hélas, dépourvue du charme comme de l’efficacité de certains de ses contemporains.